Pierre Arditi, Florence Giorgetti et Philippe Minyana - le 23 juin 2009 - CentQuatre



lors d'un stage de Florence Giorgetti
Pierre Arditi raconte son parcours
et met en garde les comédiens
sur les risques du métier d'Acteur

parmi les conseils et définitions de Pierre Arditi au 104 :


le comédien est comme un magasin

avec des stocks connus et mobilisés
et des stocks inconnus à découvrir

il faut laisser émerger

jouer c'est apprendre à maitriser le tourbillon
ne pas essayer de lutter contre le tourbillon
mais se laisser tomber dedans
pour une fois arriver au fond pouvoir remonter
recomposer le matériau si on ne lutte pas contre le tourbillon

il y a des comédiens qui font toujours le même la

et d'autres qui vous jouent toute la gamme

on ne devient pas comédien pour rester dans l'anonymat

il faut savoir s'identifier

savoir qui on est
le 1er matériau de l'acteur c'est la vie et la sienne
il n'y a pas de bouclier

on ne convoque pas les gens au théâtre pour ne rien leur montrer

je joue à la fois Jean Poiret et Bertold Brecht

parce que je suis capable de le faire

le cinéma est l'art de la séparation

je n'aime pas faire l'amour par correspondance

au théâtre : à la 1ère - le metteur en scène regarde le bateau partir sans lui

au cinéma : au dernier jour de tournage, le comédien agite son mouchoir
qu'est-ce qui va rester de lui au montage ?

au cinéma : il faut exister à l'intérieur du plan

être dans le plan

apprendre à laisser à l'autre son temps de vie



                        Messieurs les "artistes"
                        foutez nous donc la paix
                        vous ête
$ une bande de curés
                        qui veulent encore nous faire croire à Dieu

                                                                               
                                                                                   Francis Picabia


au théâtre : on apprend à se muscler l'esprit et l'âme

le cinéma est plus pauvre

mon narcissisme est tel 

que lorsque je vous parle je m'émeus moi-même
je suis en buée...

mais le public n'est pas dupe 
et il rend ce qu'il a reçu







table ronde autour du métier d'Acteur au 104 animée par Robert Cantarella

avec Laure Mathis, Emilien Tessier, Johanna Korthals Altes, Nicolas Maury, Frédéric Fisbach et Robert Cantarella

l'Acteur porteur d'un savoir 
le savoir de la diction 
mais aussi de l'espace et de Sa place 

l'Acteur qui apprend des choses du texte au metteur en scène
ce par quoi il éprouve 
par ce qui le traverse
par quel biais je vais pouvoir être touché

l'Acteur et le gestus d'une émotion (Brecht)
trouver le bon geste
être acteur c'est être lisible
mais un gestus intéressant pour les uns 
pourrait être parasite et écueil pour les autres

l'Acteur et le sensible 
de se laisser porter par les rencontres des metteurs en scène
l'Acteur caméléon

l'Acteur et le lyrisme
lyrisme pour les uns
trop d'émotion pour les autres
placer l'acteur au centre du jeu
ou le faire "descendre" pour faire passer le texte devant

l'Acteur et l'art de faire semblant
on dirait que je serais
you were just a brilliant disguise

l'Acteur et la spontanéité 
ou un plateau tellement préparé pour que ça se passe bien
qu'il ne laisserait plus venir les émotions

l'Acteur tellement éclairé 
qu'il n'a plus qu'à DIRE les mots des autres (Godard) 
ou faire de sa vie Littérature

l'Acteur et ce mot assez dégueulasse qui s'appelle le "feeling" (Murielle Mayette) 
proposer un travail et des Secrets 
pour ne pas se baser sur le feeling

l'Acteur Machine (Meyerhold)
j'ai vu ça
ça fait ça
et la naïveté du spectateur
plus on en sait
plus on est blasé 
ou plus on est affûté

l'Acteur et on dirait qu'être acteur c'est toujours expérimenter 
se laisser traverser par des nouvelles expériences
ouvrir la bouche et mélanger les sardines et la confiture (Michael Lonsdale)