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Tragedy of a friendship - Jan Fabre - Théâtre de la Ville


I'm Richard Wagner, I am
Richard Wagner I am

une cohorte de flagorneurs
une cour que l'on voit graviter
autour de toute personne qui a un peu de pouvoir
et sitôt le pouvoir terminé
la basse cour éclipsée

I'm Friedrich Nietzsche

l'indifférence générale autour de Nietzsche fait sourire
le présent donne assez peu raison
aux personnes en avance sur leur temps
en avance sur une masse
qui ne s'échange que pensées communes
phrases prémâchées qui tournent en rond
ou pour dire plus exactement   en cercles
modes aussi ineptes
que codes de reconnaissances exclusifs

la chorégraphie de Jan Fabre
parce que Tragedy of a Friendship est avant tout une chorégraphie
et force de rendre hommage aux 11 danseuses et danseurs
qui 3h15 durant commencent sur un mode à la Monty Python
mais viennent très vite remuer les âmes sensibles
par les cris par trop convaincants d'horreur
lorsqu'une danseuse se fait violer
puis torturer

ce n'est que du théâtre
mais comme s'il était à pleuvoir
de nombreux spectateurs quittent la salle
peut-être confrontés aux faits divers trop régulièrement sordides
d'une société qui se part de noir et de lunettes noires
comme en deuil des systèmes d'exclusions qu'elle ne $ait que produire

une société juste donnerait à chacun les moyens de vivre correctement
au lieu de quoi le libéralisme accroit le nombre de milliardaires : 1483
a du mal à dénombrer le nombre de millionnaires : entre 20 et 30 millions
pour 2,5 milliards d'habitants qui survivent avec moins de 2 $$ par jour
qui peut encore croire  à la $acro $ainte croi$$ance

le monde ancien était représenté par 2 colonnes
qui le soutenaient à ses limites connues
autour de ces deux colonnes
deux serpents  S S
il suffit de barrer le S
b a 2 r é
pour qu'il devienne un symbole impérialiste
les S S sont devenus $ $
il suffit de reprendre le marteau de Nietzsche
toc toc
ça sonne creux
l'économie des Etats-Unis ne repose plus sur le travail
mais sur la spéculation
toc toc
ça sonne faux
toc toc
ça s'écroule
à triple tours
A    A     A

http://ilovepetitcouronne.blogspot.fr/




Jan Fabre se confronte à la figure de Richard Wagner
à qui Friedrich Nietzsche venait opposer son miroir
Tragedy of a friendship aurait pu être une pièce du surhomme
les treize opéras de Richard Wagner sont le file conducteur du spectacle
qui pourrait se résumer à l'indestructible névrose de Richard Wagner
les surhommes Wagnérien et Nietzschéen ont-il accouché
de cette Allemagne des années 1930
Tragedy of a Friendship ne se pose pas la question
un dramaturge est même crédité 
mais le spectacle avance sans véritable cohérence
autre que le cheminement d'une vie d'AAArtiste obnubilé
il eût pourtant été intéressant
à l'heure où le noir et le vert de gris tendent à faire disparaitre toute couleur
où le rire a disparu au profit du ricanement ce rire qui ment
comment de génération en génération
sont transmis les symboles de puissance
jusqu'à vénérer des Mercedes
marque qui connut son essor sous le IIIème Reich
envoyant les grévistes en camp d'extermination
Berlines qui actuellement diffèrent en quoi des corbillards
non
Tragedy of a friendship serait le 14ème opéra
brodé d'histoires médiévales cruelles et barbares
galantes lorsque le ténor et la soprano chantent régulièrement quasi a capella
un certain romantisme allemand transposé comme au bord d'un volcan encore fumant
ou sur le point de cracher son ancestrale et médiévale fureur
pisser sur ses cendres encore chaudes
Jan Fabre aime à revenir sur cette irrévérence toute belge

après l'effroi
retrouver poésie et humour
une soprano qui pousse un contre Ut
lorsqu'on la chatouille
les Américains nous l'avaient caché
mais chez Jan Fabre  
les fleurs se mettent à pousser sur la lune

aucun pont avec la réalité d'aujourd'hui
si ce n'est pour souligner
que les êtres humains sont par nature légers et frivoles
et que les autres ne sont que de pauvres idiots
laissez tranquilles les requins de la finance
bénissons les de répendre des lunettes d'aveugles
comme pain quotidien
Jan Fabre rappelait lui-même
que l'Art est fait pour les gens riches
pas pour les working people

alors pour enrayer les courbes croissantes du chômage
les $aigneurs de la guerre ultralibérale actuelle
songeront bientôt à rétablir les jeux du cirque romain
il ne leur suffira pas de lire les trop froides et indifférentes $tatistique$
dans leurs journau$
+ 22,7% de suicides
+ 27,6% d'homicides en Grèce depuis cette énième crise de $upercherie$
et combien dans les autres pays
et combien en Rance Forte ? 

Jan Fabre avait utilisé la musique de Richard de Wagner dans ses premiers spectacles
et mis en scène Tannhäuser à la Monnaie de Bruxelles
les opéras de Wagner ne sont ici qu'évoqués en filigrane
ou à force de symboles
le cygne pour la fidélité
l'épée  arme chevaleresque par excellence
et symbole phallique servira même à fendre le sexe d'une femme infidèle
la musique vaguement sous wagnérienne est signée Moritz Eggert
et ne convainc pas suffisamment pour porter un spectacle de plus de 3h

le texte dont on aurait préféré qu'il fut wagnéro nietzschéen
est signé de Stefan Hertmans
mais laisse trop souvent indifférent voire dubitatif
et pose comme postulat Richard Wagner : la fin de la musique
l'élève Richard Strauss a dépassé son maitre en légèreté
et au sortir de la seconde guerre mondiale
et après le suicide de Stefan Zweig
accouché de quatre roses insurpassées
n'en déplaise à Cosima
avec les Vier Letzte Lieder

Arnold Schoenberg avec Verklärte Nacht
nous a entrainé dans des abîmes
que Gustav Mahler avaient amorcées

certains conservateurs pourraient peut-être utilement
s'interroger sur les codes auxquels ils sont en train de s'accrocher
entrainant avec eux une masse
toute auto satisfaite d'être dispensée de réfléchir

les danseurs de Jan Fabre
quant à eux nous ramènent régulièrement à la scène contemporaine
ils sont bien la force de cette quasi chorégraphie

le livre tiré du spectacle propose à nouveau des photos à la limite de l'indigence
n'y aurait-il décidément aucun bon photographe autour des metteurs en scène ou chorégraphes ?
de quoi regretter de ne pas avoir jeté un coup d'oeil avant
et fait des photos à la vélo volé pendant le spectacle
sans flash
mais en haute sensibilité

Tragedy of a friendship ressemble à un de ces spectacles de commande
auquel Jan Fabre se serait vu contraint d'employer des AAArtistes sans talent
probablement sourds et aveugles
du fait sans doute de lunettes noires portées même par mauvais temps
des enfants Roi MEUA qui n'ont jamais rien à dire
mais que les réseaux se doivent d'installer

happening ?  résurgence des intégristes ?
plus certainement irrévérence envers de fau$$es valeurs
des personnes en blanc se lèvent en moitié de gradins
et jettent des oeufs sur le proscenium
une fin en hiver rêve rance


une suggestion pour un prochain spectacle de Jan Fabre
qui viendrait pour une fois combler le trop vide
ce poème de Bernard Dimey


il faut réinventer le bon dieu
c'est urgent
l'homme est allé trop loin
la terre est vermoulue
chaque jour le soleil est plus décourageant
bientôt les innocents se tueront dans les rues
ils sont griffes dehors
ils ont des yeux partout
ils ont le mal d'argent
la fièvre les travaille
et le plus pacifique est prêt à risquer tout
pour un faux paradis qui ne vaut rien qui vaille
après demain
demain
des robots en acier viendront pour célébrer la messe à Notre Dame
et nos cerveaux seront classés dans un fichier
des cartes perforées remplaceront nos âmes
il faut réinventer tout ce qu'on a perdu
les soleils des matins qui berçaient notre enfance
les fleurs et les berceaux
le rire et la vertu
les parfums du jardin
le rêve et l'innocence
il faut réinventer le Bon Dieu
c'est certain
le chemin du bonheur n'est pas une autoroute
où l'on se tue le soir en partant le matin
sous l'oeil désabusé des témoins qui s'en foutent
le pétrole bientôt remplacera le sang
les enfants de demain seront électroniques
il faut réinventer le Bon Dieu
c'est urgent
et moi qui n'y crois pas
j'écrirai des cantiques



                           Bernard Dimey - 1960





















2,5 Milliards de personnes survivent avec moins de 2 $ par jour

Ex Imprimerie Nationale
Ex propriété de Carlyle Group (2003-2007)
pleine $upercherie de l'ONG Dollarkozy Brothers

Ministère des Affaires Étrangères - depuis 2007
Paris 15ème - 27 rue de la Convention



Preparation Mortis - Jan Fabre - théâtre 2 gennevilliers

 
- tu écris ?
- oui
- sur quoi ?
- je ne sais pas
   sur la nature je crois
- et qu'est-ce qu'elle t'a fait la nature ?
- elle m'a vidé de mon sang
    j'ai mis long tant à me regénérer
- ah
- ah
- ah ah ah ah
- ah je ris de vous voir en ces miroirs si noirs
 
le noir sur scène
un orgue
1h de fugues
le noir sur scène
un moment assez long
de la lumière progressivement
un autel couvert de fleurs
une main
un bras
une performeuse
évolue très lentement
comme une naissance au monde
non désirée
déjà une difficulté à être
une date janvier 1975
naissance d'Annabelle Chambon
une enfant de la crise
elle évolue dans l'espace
ne s'éloigne pas de son berceau
y revient
comme dans un aquarium

elle y asphixie
 
revenir à son lieu de naissance
et y mourir
 
une boucle
à laquelle chacun se prépare
sauf accident
 
- vous avez aimé ?
- le laisse pas répondre
    sinon tu en as pour une heure
    les travaux ne sont pas terminés dans ma cuisine o o o
 
 
 
 
Jan Fabre n'était pas là ce vendredi soir au t2g
il était parti la veille
j'étais à Troubleyn à Antwerpen début novembre 2012
où j'ai pu faire des photos sans problème
aidé même par son assistant qui m'a fait la visite du lieu
à Anversse je n'ai cependant pas eu le droit de rentrer dans la salle
avec mon sac
"Jan Fabre n'aime pas"
je ne savais pas quelle était la durée du spectacle à Antwerpen
mais prévoyant j'ai bien fait de charger mes poches
d'une bouteille d'eau et un peu à manger
le spectacle a duré 4h15
au t2g les techniciens auraient reçu des ordres strictes
un technicien a fait un peu trop de zèle le spectacle fini
bon
je le garde en magasin...
 
 

Drugs kept me alive - Jan Fabre - théâtre 2 gennevilliers

 
- une heure après
    vous avez envie de dire quelque chose du spectacle ?
- j'ai bien aimé
- moi aussi j'ai bien aimé
- superbe performance du comédien
- les bulles tout ça
    je fais des travaux dans ma cuisine
    alors bon
- les places de théâtre sont à un prix abordable 9 euros
    ou même moins
    c'est dommage qu'il y ait aussi peu de gens de Gennevilliers
    ou Asnières
- la Mairie offre des places régulièrement
    ça fait un mois que ma cuisine est en chantier
- et le spectacle...
- j'ai bien aimé
 
- et vous, vous avez aimé ?
- le laisse pas répondre
    sinon tu en as pour une heure
 
les Ecoles Normales conduisent-elles à penser par soi même
ou juste répêter répêter répêter
 
un constat comme un autre de la France d'aujourd'hui
 
Jan Fabre termine son spectacle en citant Erasme
théologien philosophe flamand du XVIème siècle
assez peu connu en France :
 
l'homme est une bulle de savon
 
le performer danseur italien entraine le spectateur
dans un parcours
qui ne l'éloignera jamais trop de son berceau
 
la terre est le berceau de l'humanité
l'humanité est de plus en plus formatée
pour rester attachée à son berceau
 
des bulles de savon
petites ou gigantesques
qui font toujours l'émerveillement
des grands enfants
 
des bulles
à la surface soyeuse
et
à l'intérieur
du rien
 
les coussins du réconfort ne suffisent bientôt plus
et les pillules gellules opuscules seront ingurgités
jusqu'à ce que s'ensuive la mort
 
rires de reconnaissance du public
lorsque le comédien évoque un lieu
où ils peuvent apparemment se procurer
des enfers terrestres
 
ils nous l'ont fait croire
mais la pomme n'a jamais été empoisonnée
 
et si on retrouvait enfin le goût des choses simples
 
 
 

De Macht Der Theaterlijke Dwaasheden - le Pouvoir des folies Théâtrales - Jan Fabre - Troubleyn - Antwerpen




9 novembre 2012


1982
nineteen eighty two
1982
dix neuf cent quatre vingt deux
c'est du théâtre
et c'était à prévoir

une violence réelle plus sournoise
ils apprennent
dans leurs Hautes Écoles de Normes Supérieures
dans leurs Ecoles Normales de Haute Truanderie
à rentrer de force une norme 7 fois supérieure
à formater une Kultur
aujourd'hui minimaliste
alors 1876 ...

tiens un vigile chasse à cour des spectateurs

c'est du théâtre ?
et juste le reflet parfois de la vie réelle
un miroir si peu déformant
et même en deça

ils fini$$ent par en rire$
c'était à pleuvoir

une performeuse se fait refluer
dans une durée qui finit par être éprouvante
non intervention des spectateurs
c'est du théâtre
et dans la vie réelle
non intervention des chevaux de labourds
qui se mettent des lunettes noires
et plus aucun regard
plus aucune main tendue

aide-toi
the show must go on

les séquences cherchent l'épuisement
l'épuisement à satiété du geste répétitif
quelques dialogues souvent en anglais
quelques phrases en français
pour que les intellectuels parisiens
n'aient pas de difficultés à comprendre
la drolatique irrévérence culturelle
au son régulièrement de l'excellente musique de Wim Mertens
maizau$$i quelques marteaux piqueurs musicaux
signés Richard Wagner
le côté Grand Messe zieg heil continue d'en jeter 

en toile de fonds un tableau de Maître
qui change en fonction des séquences
régulièrement le Verrou de Fragonard
une femme cougar également rappelant Toyen

quinze danseurs
7 femmes
8 hommes
souvent dans un même geste synchronisé
ou en couple
cadrant aussi la scène
comme un tableau vivant
rappelant cette école flamande
qui donnait à montrer les Maîtres
mais aussi les personnages ordinaires
souvent les plus singuliers

un couple de rois
nus
ils se lancent dans une danse nuptiale wagnérienne
puisque les statistiques finiraient bien par le montrer
les hommes et les femmes auraient compris
Normalement et
Supérieurement
qu'ils ne seraient pas faits pour vivre ensemble

le sacre d'une nouvelle identité
une espèce humaine ex vivo in vitro
Kiss
Kis$
Ki$$

à mesure que les séquences finissent par se succéder
pour mesure Jan Fabre joue un épuisement fascinant

ils ont fini par rétablir les jeux du cirque
demander aux cadres de se battre
éliminés par des chasseurs de tête
se battre à mort pour conserver sa place

une place de performer
une place d'ouvrier spécialisé de la Kultur

et maintenant en toile de fonds
le serment des trois $
(Olivier Nicolas Guillaume)
le serment des trois rapaces

les spectateurs prévoyants se sont munis de quoi boire
et manger
n'en déplaise à certains théâtre$ public$
qui interdisent jusqu'à respirer

la première aura duré 4h15
sans entr'acte
une durée et un principe répétitif comparables
à Einstein on the beach
auquel il rendrait aussi hommage
de même qu'aux Monty Python
on peut reconnaitre la silly walk
et d'autres emprunts clins d'oeil

Jan Fabre construit son théâtre dans la beauté
descendre à la gare de Berchem
parcourir la ville d'Antwerpen
et ses architectures et sculptures foisonnantes
c'est comprendre rapidement
d'où viennent cette grâce
cet art du détail
chers à Jan Fabre on a kiss

 


10 novembre 2012


du théâtre comme c'était à espérer

la Kultur du dominant
ils ne fabriquent plus que des Cons sommateurs
de la Kultur trébu$hante
urodi$nait
$hanel
des adultes qui resteront toute leur vie
au stade de l'école primaire
une collection de chatons en peluche sur un bureau
des affiches de chatons
un coussin du réconfort
réconfort de quoi
finirait-on par se demander
et tous le même halètement de convoitise
la même flagornerie

tous au centre
tous prompts à écraser n'importe quel handicapé
qui aurait le malheur d'oser exister sur leur chemin
et plus que de la con sidération pour des chatons
qui rappellent si bien leurs peluches
plus que des chienchiens qui ouaffent oufent

les rares qui aboient vraiment
ils savent les museler
et les anxiolitic-et-toquer


plus qu'une religion
celle de l'Argent l'Argent l'4rgent
façonnés tous de la même marchandisation

tous consommateurs de parcs d'attraction
tous consommateurs de $o$a $ola
tous consommateurs de cigarettes
tous consommateurs d'ammonique
tous consommateurs de délices toxiques

tous consommateurs de tranquilisants
il tousse

- qu'est-ce que tu fais toi dans la vie
- I'm a beer drinker

Jan Fabre propose une messe religieuse de l'absurde
du Dada
du Kantor pour rentrer dans une certaine transe

les arènes d'aujourd'hui sont les toits des grattes ciel
d'un siège "social"
monter les étages du Mas - haut lieu de la kultur à Antwerpen

voir des dessins pour enfants
que l'on aurait vu avec nostalgie
dans des cours d'écoles primaires ou maternelles
mais là c'est comme de l'art officiel
Cons sommateurs
vous ne deviendrez jamais adultes
venez avec vos enfants
regarder le miroir
qui vous est tendu
c'est celui qui vous re$$emble

montez voir le panorama
ils ont mis de hautes vitres teintées
on ne peut plus voir qu'au travers d'un écran
déformant
il ne faudrait pas que vous puissiez voir vraiment
regarder de l'autre côté du miroir
et soudain comprendre la supercherie
qui vous donnerait envie de vous jeter

tous habillés en noir
tous habillés en petite veste noire
tous en Karl Anorexie Nazy Gallery

tou$ en anxiolitic-et-toqué$
tous en lunettes noires
il tousse


tell me what I see
when I look in your lies
is that you Baby
or just a brilliant disguise


le Pouvoir des folies théâtrales a été créé en 1984
la prévision de Dada
la prévision des Monty Python
la prévision de Georg Orwell
la prévision de Jan Fabre
étaient justes
et le constat est encore pire
le spectacle exclura probablement des enfants
ils resteront sagement dans leur cour d'école

parler de touche pipi
regarder le miroir que leur tend la télévision

d'aucuns pourront savourer d'entrer dans un temps
comme suspendu
un souffle

une bise


you know kiss
don't you
you have to put your lips together and
kiss
kiss

 

 
  
 















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Prometheus-Landscape II - Jan Fabre - Théâtre de la Ville - 1er avril 2011

à l'arrivée dans la salle

un colosse sied en bord de scène
retenu par une corde
comme un navire à son port
le spectacle commence sur un préambule
un micro de part et d'autre de la scène pour 2 fantassins
words words words rien que des mots
" le fils tuera t-il son père ?
le père tuera t-il son fils ?
we need Heroes now ! "
le rideau s'ouvre sur un homme qui restera écartelé en l'air
au centre d'un gigantesque soleil
boule de feu volée aux dieux
la nuit offrant une immense lune aux quartiers rapidement consumés
le spectacle a des allures de messe satanique
que le groupe Magma aurait joliment accompagné musicalement
la musique de Dag Taeldeman est proche de l'électro new wave d'un Brian Eno
une cohorte de soldats du feu munis de haches et d'extincteurs s'agitent
quel sens donner à un homme s'astiquant le sexe comme d'un bout de bois pour faire surgir du feu
le colosse tente de faire du feu en frottant un bout de bois
une femme vient s'y allonger nue proposant son entre cuisse prête à y mettre le feu
les images se multiplient les deux fantassins scandent sur leur tambour une marche militaire
arrivent en avant-scène pour exécuter un salut nazi brièvement réprimé
une femme sera repoussée de part en part du plateau par la pression du gaz carbonique
lâché par les extincteurs d'un coin à l'autre du plateau
les applaudissements seront plutôt secs comme refroidis par beaucoup d'effets
pour un résultat qui ne manque pas de laisser perplexe
Jan Fabre choisit son parcours dans la beauté, certes

l'Empereur de la Perte - Jan Fabre - Chaillot - 27 janvier 2011

Dirk Roofthooft un clown facétieux
un empereur qui se prendrait pour un Auguste
sans jamais être en retard d'un élastique
d'une assiette à jongler
d'une fourmi à qui compter le sens de la chute
le clown tousse et tient sa cible

Orgie de la Tolérance - Jan Fabre - théâtre de la Ville - avril 2009



 
le public prend place
les athlètes s'échauffent
à vos marques
1 2 3... BRANLEZ !

mercredi soir mon chemin de retour du CentQuatre
me fait passer par le théâtre de la Ville
j'y arrive juste pour la fin du spectacle
et décide d'attendre Pierrick
ami jeune retraité gennevillois
à qui j'ai offert ma place pour Jan Fabre

il est comme sur un nuage
c'est apparemment le meilleur spectacle qu'il ait rarement ou jamais vu
Pierrick est aussi un jeune spectateur
depuis le début des années 2000 il lui arrivait de voir des pièces de Bernard Sobel

et comme beaucoup de spectateurs des environs de Gennevilliers/Asnières
Pierrick s'est quelque peu "dévergondé"
au contact de la nouvelle programmation de Pascal Rambert
nous croisons une comédienne d'une quarantaine d'années
qui vient de temps à autre les Mardis soirs au t2g
pour elle aussi Jan Fabre c'est une première
elle se dit également enchantée... avec des réticences...
mais non elle préfère rester dans le positif

je me décide donc à essayer d'obtenir une place ce jeudi
et puis comme ça
ce sera peut-être matière à envoyer
u
n

m
a
i
l
premier constat en arrivant devant le théâtre de la Ville
je ne suis pas le seul
une forêt de papiers "cherche 1 2 3 places" dès 19h30
un groupe de Japonais déjà très enjoués et très décidés à obtenir le précieux sésame
et plutôt une majorité de jeunes autour de 25-35 ans
qu'est-ce qui se passe ?
je n'ai pas envie d'agiter dans tous les sens un papier
regarde le soleil sur le point de se coucher
et puis quand même décide d'attendre au comptoir du théâtre
la dernière minute où ils vendent des laissez passés
ils nous forcent à monter les 3 étages
que je redescends dans la salle pour trouver un strap au 7ème rang

1 2 3...
yeah yeah George Clooney - icône gay ? - show me your "thing"
je ne sais pas qui ça peut déranger
tellement la gestuelle est exagérée clownesque plutôt BD peut-être
les entraîneurs derrière cravachent
une majorité portent fusil
tout au long de la pièce
style mafia russe ?

pleurs / consolation
une danseuse bloquée sous un canapé Chesterfield

mieux que François Chaigneau et sa "pâquerette"
la version gode du canon de fusil dans le cul
et le performer se transforme en chien en rut qui bave

c'en est trop un homme très digne
né à la fin des années 20
se lève de son strap au 4ème rang
et ostensiblement quitte la salle lentement et probablement outré

c'est l'un des rares spectateurs que je verrai sortir
the crying body en 2004 faisait davantage le vide

propos antisémites (?) plus vraiment racistes
plutôt anti espèce humaine et contre l'argent roi
Thomas Bernhard est arrivé à en montrer la violence froide et glaçante
ici dès la première séquence
on est déjà trop rentré dans la farce pour que ça puisse déranger
et c'est un peu comme si les spectateurs étaient venus voir le cousin infréquentable
nous raconter ses mauvaises blagues belges
alors "un carton le long du mur des lamentations"
isolé ça pourrait interpeler
mais noyé
une image chasse une autre phrase

il y a chez Jan Fabre ce plaisir comme chez beaucoup d'artistes
de creuser quasi obsessionnellement les mêmes thèmes et figures
Arrive à nouveau le Christ Fabre
dans the crying body
les performers se relayaient dans une durée éprouvante
pour lui cracher à la figure
ici le Christ sera juste un jeune playboy
relooké par une figure pic-assiette du "bon goût" du "chic parisien"
drôle ou horripilant c'est selon

Jean-Michel Ribes dans Musée Haut Musée Bas
faisait paraître les mêmes figures avec Sulku et Sulki
le spectacle finit par me paraître comme chuchoté dans le creux de l'oreille
de ces administratifs ou programmateurs à qui Jan Fabre s'adresse à plusieurs reprises
de fait plusieurs sont dans la salle
et si ce spectacle était fait pour eux
la différence avec Savary n'est-elle pas que maintenant
on compte 1 femme nue
pour beaucoup d'hommes qui se gratouillent se godent se...
se rafraichissent le sexe à l'aide d'une roue de vélo
le ventilateur bio - fallait y penser

une performeuse "masturbe" son sac à main
il y a dix ans la marionnette Bernadette faisait ce geste qui choquait jusqu'à l'Elysée
au point que Canal+ devait s'excuser et ne plus diffuser le sketch
mais ici c'est comme si Jan Fabre ne l'exploitait pas assez

cette séquence me fait soudain penser aux derniers spectacles de Pina Bausch
qu'elle semble concevoir à destination de l'avenue Montaigne
tout y est d'une élégance tellement impeccable que ça en devient presque étouffant

Jan Fabre serait sur la pente d'un spectacle punk soft
comme Arno aurait aujourd'hui pris la place d'un Gainsbourg
sans réussir à nous faire oublier Gainsbarre

les femmes caddies enceintes de paquets de chips cacahuètes cannette de bière revolver
cèdent leur place à des Scaramouche un zob sur le nez qui ne fait pas vraiment mouche
la poudre fait se tordre de rire un groupe de spectateurs coté cour (...) du vécu sans doute

le spectacle finit par donner l'impression d'une succession de vignettes
et décidément une sensation d'inachevé un manque de propos ou de cohérence
une forêt de projecteurs masque les sur titres pour une bonne partie de la salle
on serait tenter de se demander si ce n'est un fait exprès
pour cacher cette misère du texte que l'on ne saurait voir
le texte n'est pas le point fort de Jan Fabre
qui me paraît exceller davantage en tant que plasticien et rêveur d'images ou de formes

il arrive souvent que l'on sauve un spectacle en piochant un tube classique un air d'opéra
donner à entendre du génie
pour servir une idée si petite soit-elle ici la danse des caddies sur le beau Danube bleu

de caddie en caddie j'enmaxe les prix
je me déleste d'options dans de la soie dorée
la même qui servirait à la fabrication de parachutes

pourquoi avec ce thème
Jan Fabre ne veut-il pas chercher une écriture qui grince plus qu'elle ne gratte gentiment

croiser des sans domicile dans la rue
est effectivement plus dérangeant laisse dans un désarroi autrement émotionnel

the Crying body emportait davantage de fulgurances
Je suis sang s'ouvrait sur une vingtaine de minutes de cris de bébés joués par les performers
les spectacles et le discours de Rodrigo Garcia
mais c'est un peu la même chanson : surtout il y a quelques années
'du temps' de "Jardinage humain" ou de "Fallait rester chez vous têtes de noeuds"
interrogeait plus profondément les rapports Nord sud
cette société de surconsommation qui côtoie avec indécence la faim le désespoir irréversible la violence

au cinéma Larry Clark surtout avec Ken Park a franchi la ligne de démarcation
qui a fait crier au scandale et à l'indignation mais dans dix ans ?
Larry Clark me semble oser poser les problèmes véritables
alors que d'autres réalisateurs comme Gus van Sant ne se contentent que de suggérer
et inviter seulement à une compassion feinte

l'enjeu véritable de notre époque
n'est il pas de s'apercevoir que le virtuel est en passe de prendre le pas sur le monde réel

Orgie de la tolérance ne serait que du divertissement sans réel enjeu

un orgasme ?

j'aurais bien voulu en avoir un en tant que spectateur

sommes-nous ce public repu de théâtre qui ne sait plus s'émerveiller

à la sortie un jeune s'exclame "c'est Unique"
les applaudissements ont été plus que nourris
et néanmoins les avis sont partagés

vendredi 3 avril 14h - ENS rue d'Ulm
Jan Fabre intervient dans un colloque sur le corps souffrant
les intentions sont presque contradictoires
le programme du théâtre de la Ville annonce
"Aujourd'hui, le temps est venu de faire une pièce frontalement politique."
Jan Fabre développe le thème de mener une vie fausse
il prend exemple du phone sex émergé dans les années 80
il se déclare aimer la pornographie pour en explorer son obscurité ses abîmes et mensonges

et puis Jan Fabre revient sur Avignon 2005 et la manipulation des journalistes
il préfère se souvenir de la réaction du public qui aime ses pièces

un artiste est dans une nécessité de créer sinon il ne vit plus

à la fin de la conférence
je vais trouver Jan Fabre

- "Orgie" démarre sur le mode grotesque presque BD tant le geste est forcé
JF - mais c'est un hommage aux Monty Python
- vraiment ? mais il y a des choses très sociales dans le spectacle
leur portée s'en trouve diminuée ça ne dérange pas comme dans the "Crying body" ou "je suis sang"
JF - c'étaient d'autres spectacles celui ci est un hommage aux Monty Python
- est-ce que pour vous le public du théâtre de la Ville pose un problème ?
car enfin c'est le même qu'à Avignon
JF - je vais là où on m'invite - le théâtre de la Ville j'y viens depuis 20 ans
- mais ne voudriez-vous pas jouer pour un public d'étudiants à la Cité internationale par exemple ?
JF - en fait on tourne beaucoup à Anvers à Glasgow.... et dans chaque ville le public est différent
- ah oui mais justement en France on a l'impression pour schématiser que votre public est plutôt élitiste plutôt d'éducation supérieure
JF - mais l'Art est fait pour l'Elite pas pour les working people

un jour il faudra penser à remplacer les applaudissements
par l'agitation de boucles d'oreille
l'entre choc des pierres précieuses pour remercier l'Artiste de nous avoir diverti

je comprends donc que j'étais venu voir un spectacle de Jan Fabre en pensant voir un spectacle dérangeant
je comprends qu'un Artiste et ses fans sont piégés par ses oeuvres passées
et la force de Jan Fabre serait de ne pas être là où on l'attend
et d'oser décevoir une attente en se livrant à un exercice de style clownesque
mais quand même moins provoquant que les Monty Python
ou alors mon seuil de tolérance serait maintenant trop élevé

extrait d'un sketch des Monty Python tiré du Flying Circus
- Bonjour
- Bonjour, je viens vous voir parce que ma mère est décédée
- ah oui, vous avez frappé à la bonne porte ! Il y a trois solutions : l'incinérer, l'enterrer ou la jeter.
- la jeter ?
- Ah vous l'aimiez !
- ???
- bien alors il reste l'incinérer ou l'enterrer; Incinérer ça fait crrr crrr dans le four - l'enterrer ça fait crrr crrr quand les vers la mangeront.
- Ah ! L'incinérer ça serait mieux
- Eh Charlie prépare le four ! Vous l'avez là, avec vous ?
- Ah oui, je l'ai mise dans un sac en papier là regardez...
- Mmmmh, miam, eh Charlie mets le couvert...
- Quoi vous voulez dire que vous allez la manger ?
- eh bien oui ! Vous n'avez pas faim, vous ?
- ma foi...
- allez passons à table et puis si vous avez des remords de l'avoir mangée
vous pourrez toujours vous approcher d'une fausse et la dégueuler
(cris d'horreur du public à chaque réplique)

Jean-Michel Rabeux participait à la conférence
et développera comme pour répondre au Monde le 'pire'
aller quérir le pire en plongeant dans sa propre douleur
et trouver la propre douleur effrayante illégale du spectateur
il donne comme en conseil à Jan Fabre : accepter sa cruauté pas la dénier

dans "le corps furieux" en janvier à Bobigny
j'avais eu cette sensation que les performers étaient plus proches des gens de la rue
des sans domicile - le propos ne m'avait pas assez interpelé -
mais quelque chose du mode de représentation m'avait paru juste

je note que les performers de Jan Fabre ont plutôt un côté "clean"
pas encore aussi élégants que ceux de Pina Bausch mais...

le mot de Pierrick pour la fin
"la Bourgeoisie aime ça car sur scène il y a les mêmes modèles qu'eux"