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... du printemps ! - Thierry Thieu Niang - Jean-Pierre Moulères - Patrice Chéreau - Théâtre de la Ville

 
- tu vas à l'usine ?
   si    tu sais   l'Usine
   la fabrique de danse
 
le plateau est nu
c'est à dire globalement noir
 
Patrice Chéreau arrive comme au centre d'un groupe de personnes
se place sous une lumière
le centre n'est pas au centre
il est un peu à cour
comme un soleil qui serait en phase descendante
Patrice Chéreau se fait rapidement la voix
des carnets de Nijinsky
on pourrait ne pas savoir qui a écrit ce texte
ce serait celui d'un être humain
tout simplement
mais qui aurait la facétie de se prendre pour dieu
un dieu qui raconte le malheur d'être un laid qui a du sentiment
 
 
ma main n'est pas fatiguée d'écrire
 
chaque homme laid sait ce que c'est
que d'être pris pour un homme méchant
 
on m'a enfermé avec les laids
et j'ai compris les laids
 
moi aussi j'aurais aimé le bonheur
mes cris n'ont servi à rien
à rien d'autre que d'être pris pour un fou
alors on m'a enfermé avec les fous
et j'ai compris les fous
 
FIXE
 
j'aime ressentir le vent
 
le froid me fait entrer en résistance
 
la chaleur
vraiment ?
tu connais ça toi ?
 
ma main est fatiguée
 
une vingtaine de minutes
où des ombres apparaissent
disparaissent pour laisser poindre une noirceur
plus ténébreuse
 
les personnes restées en fond de scène se rapprochent de Patrice Chéreau
jusqu'à former un groupe
et au son du Sacre ... du printemps de Stravinsky
évoluent comme dans un mouvement perpétuel
 
un marathonien court en périphérie de ce groupe
un marathonien qui n'aurait pas de message à porter
pas de course à réaliser de ville en ville
juste un mouvement perpétuel
 
oui le spectacle a des allures d'exercice d'atelier théâtre
mais propose à voir des retraités
hommes et une majorité de femmes
retraités de la vie réelle
et pas seulement professionnels de la profession
 
ils marchent
courent en cercle
et atteignent le dépassement de soi
quittent progressivement la scène pour les bords de plateau
Patrice Chéreau ne s'éternise pas
il laisse à voir le groupe
des personnes isolées
ou marchant par deux ou trois
qui délaissent un vêtement pour plus de confort
 
des femmes s'épaulent
 
ils sont tous habillés en noir
Patrice Chéreau en bleu foncé
regrettera t-on un jour
cette civilisation dite moderne
a délaissé les couleurs encore portées au Bangladesh ou en Afrique
mais que la Norme Supérieure Ultralibérale a appris à rejeter
 
durant 40 minutes
le mouvement circulaire perpétuel
laisse une interrogation sur sa conclusion
Thierry Thieu Niang évite l'épuisement
 
toutes les personnes reviennent sur le plateau
installer une présence forte
d'un effort collectif
du dépassement de soi
ou tout simplement
être
 
 
parmi les jeunes spectateurs
on s'interroge sur ce spectacle qui ne laissera pas de trace
?
 
dans le monde libéral
on est allé à l'usine
(enfin)
on est allé à l'usine à beaux beaux
de Norme Supérieure
on a appris la compétition
on a appris la honte et le mépris
on a trouvé ça normal
on a trouvé ça normal de se rassembler en cercles
on a trouvé ça normal de faire un croche patte à son voisin
on a trouvé ça normal d'écraser un inconnu
on a trouvé ça normal d'écraser celui qui est différent
on a trouvé ça normal d'éscroquer le bon samaritain
on a trouvé ça normal de rouler dans la farine les petites gens qui travaillent
on a trouvé Normalement Supérieur de spéculer contre ses propres clients
 
 
qui peut bien encore avoir envie d'achever les chevaux
 
 
 
 
 

I am the wind - Jon Fosse - Patrice Chéreau - Théâtre de la Ville




à nouveau Richard Peduzzi fait merveille
le spectateur est cueilli lors de son entrée dans la salle
la scène a été surélevée et remonte jusqu'au rang E
le décor est ainsi surprenant tout en restant assez sobre
Patrice Chéreau offre avec le programme un résumé de la pièce
pour encourager à suivre les acteurs
l'affichage des sous-titres est néanmoins un modèle du genre
toujours dans l'angle de vision des acteurs
la scénographie réserve ses surprises
un bateau apparaissant soudain sous la houle
las
les acteurs laissent un goût un rien décevant
est-ce ce texte
ou cet anglais trop simple
dont on préférerait un français plus subtile
la confrontation ne tient pas toutes ses promesses
d'un côté un terrien au verbe haut et déclamatoire
face à la peur de se retrouver loin de ses ancrages
de l'autre un rêveur en face de ses angoisses
partagé entre une pesanteur anéantissante
et l'envol désiré
emporté par le vent
le spectacle comme le texte balance entre ces deux états
l'Autre écrase trop de pesanteur
l'Un amène certes la légèreté de l'être
le vent ne l'emporte pas aussi haut que désiré


Rêve d'automne - Patrice Chéreau - Théâtre de la Ville






il y a d'abord l'impression en rentrant dans la salle
ce sentiment d'être envahi par le décor
la scène en parquet de bois a mangé les premiers rangs
on voit ces portes immenses et des tableaux dans l'embrasure
Rêve d'automne a débuté au Louvre
le Louvre est au Théâtre de la Ville
face à ce gigantisme la pièce pourrait ne pas exister
la démesure pourrait phagocyter ces pauvres acteurs
qui se risquent à entrer sur scène
et puis la pièce finit par prendre  
les figures familières  Pascal Greggory   Valeria Bruni Tedeschi
l'univers de Patrice Chéreau
ils arrivent un rien hagards et prennent corps et chair
avec un avant et un après Chéreau Intimité
une force résolument adulte
Jon Fosse confronte le spectateur au parcours
à la perte de désir   au temps qui mène à la mort
si l'Art est ce qui questionne
Rêve d'automne est un morceau d'art
une séance sur un divan probablement
le décor apparait maintenant improbable
est-on vraiment devant un musée   un asile   un cimetière

pour la petite histoire
les applaudissements lors de la Première sont restés polis
Patrice Chéreau les a tirés jusqu'à 5 rappels
alors qu'une partie de la salle
était visiblement encore en train de se chercher

et si Patrice Chéreau...


Coma de Pierre Guyotat
la dépression la mort la tentation du suicide
que pouvait-on attendre d'une lecture

Patrice Chéreau en a fait un spectacle éblouissant  au Louvre
une possession du plateau ferme et douce
arpenté pieds nus  l'agilité du félin
jouant avec l'attention des spectateurs
des postures volontaires
mais qui n'en diraient pas autant
un texte mi su mi lu
qui laisse au bout d'une heure et demie
le spectateur surpris
que ce soit déjà fini

et si Patrice Chéreau était aussi l'un des meilleurs comédiens


Patrice Chéreau - Pierre Guyotat - Thierry Thieû Niang

Bernard Marie Koltès - Patrice Chéreau - Peter Stein - Théâtre de la Ville - 11 avril 2010 - 11h30






Brigitte Salino - Peter Stein - Emmanuel de Marcy Motta - Patrice Chéreau




François Regnault








quelques notions abordées au théâtre de la Ville
autour du livre  Bernard Marie Koltès   de Brigitte Salino

l'idée du livre serait comme se forme un imaginaire


Peter Stein : 
essayer encore
échouer toujours

Patrice Chéreau raconte longuement et avec une tendre ferveur

Chéreau avertit
ne pas envoyer de manuscrits par la poste
on ne les lit pas et c'est souvent peu intéressant
Bernard-Marie Koltès
il est venu à le lire par recommandation
les choses se sont installées ensuite par hasard et instinct
au départ une langue que je ne comprends pas
mais il y avait une langue
avec une force et une violence
une ambiance de l'empire colonial et ses conséquences
que Chéreau découvre


faire les auditions de Quai Ouest

sur le texte de la Solitude des champs de coton
se heurter à l'incompréhension  l'hostilité
se rappeler ce mot du père :

le seul endroit où il ne peut plus y avoir de guerre
c'est dans le trou de la bombe d'avant

alors continuer à défendre Koltès
textes à remanier  -  concordance des temps science exacte.

cette langue   
je savais la faire entendre
dialogues par monologues de 8 minutes
chacun répond         
à la question centrale ?  
à côté ? 
tourne autour


pour le Retour au désert
Koltès voulait Jacqueline Maillan
Chéreau : oui pourquoi pas dans le fond   j'avais rien contre
du fait de son cachet  
venir à jouer au théâtre du Rond Point  (Renaud Barrault)
mi public mi privé
avec Michel Piccoli   
150 représentations
c'est la 1ère fois que Koltès pouvait avoir des rentrées énormes
il s'est retrouvé avec une somme fabuleuse pour lui à ce moment là
la question s'était posée de le salarier des Amandiers
mais non
il ne pouvait vivre des seules représentations que je montais
mais il était joué ailleurs
et surtout à l'Etranger  
il a été joué dans différents pays avant la France
au début faire comprendre à un auteur
qu'il vaut mieux jouer dans la petite salle de 400 
que vider la grande de 900
les spectateurs perplexes
pièce acceptée à la 4ème reprise
8 ans après


Peter Stein :
pas de raison de rencontrer les gens
Luc Bondy m'avait proposé de rencontrer Koltès
mais je ne voulais pas
finalement je l'ai quand même vu une fois

héroïsation du criminel
la fascination des auteurs comme Shakespeare pour Richard III
Koltès et Roberto Zucco
la dramaturgie de Shakespeare influence Koltès     c'était son point faible
(traduction du Conte d'hiver)


Chéreau :
la question de l'humour dans une pièce
débat Stanislawski Tchekhov   
non sans vouloir tout à fait se comparer à eux
mais au début  pour un metteur  le sérieux à la tâche
à faire découvrir un auteur

"je suis plus pessimiste"
moi plus désespéré
Chéreau plus romantique
Koltès plus désabusé
"moi plus désespéré"

la langue de Koltès tourne autour avant de pointer sur exactement ce qu'il pense
Chéreau doit partir pour une mise en scène en province lundi matin


François Régnault prend place
Jacqueline Maillan  lui avait recommandé
pas une blague mais 3
la 1ère ça surprend
la 2ème  on savoure
la 3ème on éclate de rire
pas de 4ème  rassurés que ça ne continue pas
Koltès  indifférent à sa génération   à la jeunesse


la Comédie Française
Koltès très mal accepté par le comité de lecture
pas convenable ce qu'il racontait
et les pièces demandaient trop d'acteurs étrangers pour le Français
Koltès   fondateur d'utiliser différentes langues
Genet pour jouer les Nègres   voulait des blanc grimés
le théâtre pour lui était un lieu de corruption et méprisable
dans la vie    les Noirs et Arabes tellement beaux n'ont pas à jouer du théâtre


Koltès :
je veux bien écrire sur les Nègres  mais c'est quelle couleur 
pour lui   supériorité des Noirs Américains  du fait de la Guerre de Sécession
 / les Noirs Brésiliens   / et même Noirs Africains

Emmanuel de Marcy Motta attentif
geste de la main sur l'avant bras de François Régnault
légère négation   
décline d'intervenir davantage