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Un Tramway nommé Désir : Théâtre de l'Odéon - jeudi 4 mars 2010 : un ticket pour un plaisant ennui







le choc est annoncé durer ses 2h45 
et ce soir plutôt 2h35
ma place D1 au 1er rang central
m'aurait laissé le loisir de partir si j'avais voulu
mais non

l'entrée en matière  théâtre cinéma souvenir
qui semble mêler temps présent et imaginaire ou passé révolu
nous livre Isabelle Huppert
une Blanche quelque peu adolescente

le spectacle avance aussi rondement qu'au bowling
mais le bowling est-il toujours un symbole visible aux Etats-Unis
car à l'évidence la pièce de Tennesse Williams a été actualisée
et s'il fallait avancer une comparaison
il ne faudrait pas la faire avec le film d'Elia Kazan

Kazan avec Vivien Leigh en ont fait un sommet de noirceur
on garde tous en souvenir cette Nouvelle-Orléans poisseuse à souhait
un Brando à l'animalité féline
Warlikowski eut fait appel à un Delon même vieillissant
mais justement la comparaison ne se peut plus
parce que l'époque des années 50 60 serait révolue
mais curieusement semble s'être figée ensuite dans les années 70
frappés par les crises

ici tout est sec comme une boule de bowling qui roule
et que l'on va arrêter d'un geste trop ordinaire
l'ordinaire ne devait pas avoir sa place sur une scène de théâtre
mais Warlikowski va s'ingénier à le porter comme étendard

première pause musicale
I want to live like common people
I want to do whatever common people do
I want to sleep with common people
I want to sleep with common people

aux Etats Unis mêmes
cette chanson a été reprise par William Shatner
le Capitaine de Star Trek
c'est dire que l'époque est tellement révolue
que même les étoiles n'ont plus le rêve de briller

au début de la pièce les corps des comédiens
seraient comme s'ils s'apprêtaient à tourner un porno
que bien sûr Warlikowski n'a pas osé
mais très vite ces mêmes corps
seraient comme achevés de l'avoir tourné
le long corridor de la propreté
baignoire lavabo wc
viendrait comme en psychanalyse
les allées et venues seraient-elles purificatrices
ou au contraire la lassitude augmenterait-elle à chaque passage

et que penser de cette séquence qui circule d'artiste en auteur
depuis Christine Boisson dans Identification d'une femme d'Antonioni
en passant par Nicole Kidman dans le Eyes Wide Shut de Kubrick
Warlikowski reprend la figure de la Femme (ou d'une femme ?)
ou l'intimité à cheval sur un wc
figure de revanche de l'artiste sur un pouvoir matriarcal ?

à la fin de la pièce
la montée d'une vierge tellement kitsch
associée à ces gerbes
aux couleurs dignes des brochures de propagande des anciens Pays de l'Est
qui fleurissaient encore à la Foire de Paris à la fin des années 80
et qui nous montraient qu'à l'Est    
on s'était avant les autres arrêté dans les années 70
fausses images - fausses dévotions

Wajdi Mouawad comme dans toute commande n'a pas pu s'empêcher
de nous tricoter des allers retours Mythes antiques avec ici un Tenessee Williams
qui pour le coup passerait un peu à la trappe
et ne manquerait sans doute pas de se retourner dans sa tombe
s'il entendait les blagues à 2 balles dans le style du poulet de Bresse
l'ordinaire cul~turel de nos sociétés dites civilisées (?)

Wajdi et Krzysztof ne se seraient-ils pas laissés porter par le plafond
du théâtre de l'Odéon de Masson
dont ils n'auraient gardé que Apollon-Soleil
le héros arrachant le coeur solaire de l'aigle
et ils en auraient profité pour vider la pièce
de tout ce qui en faisait son rayonnement

Isabelle Huppert donne l'agréable impression d'étendre le registre de jeu
dans lequel elle se (ou on la) cantonne souvent