un hiver tout en branches et dur comme un cadavre
un homme sur un banc dans une rue qui fuit la foule
et que la solitude comble
place à l'appareil banal du désespoir
à ses miroirs de plomb
à ses bains de cailloux
à ses statues croupissantes
place à l'oubli du bien
aux souvenirs en loques de la vérité
lumière noire vieil incendie
aux cheveux perdus dans un labyrinthe
un homme qui s'est trompé d'étage de porte de clé
pour mieux connaître pour mieux aimer
où commence le paysage
à quelle heure
Paul Éluard
cet après-midi
je suis allé à la bibliothèque
putain ça caille aujourd'hui
l'hiver est là les gars l'hiver est là
je suis allé à la bibliothèque
prendre des livres que j'avais réservé de Bernard Dimey
et puis des DVD aussi
je ne sais pas pourquoi
je n'ai toujours pas cherché à apprendre à télécharger des films sur mon ordinateur
je passe par la boulangerie acheter du pain
ils n'ont plus de mini croissants
je ne sais pas pourquoi
les mini croissants ont une saveur plus savoureuse que les grands
je m'aperçois que je n'ai plus trop de monnaie
et vais au distributeur
je reviens chez moi
et croise un sans domicile d'une cinquantaine d'années
emmitouflé tant bien que mal dans son sac de couchage
je le dépasse
et
recule
lui souhaiter quand même une bonne soirée
et lui tendre un billet
je reviens chez moi
je ne sais pas pourquoi
je m'aperçois que je lui ai donné le billet de dix
putain j'aurais dû lui donner le billet de vingt
putain ça fait chier
rodrigo tanguy
respectueusement adressé à carla