Hiroshima mon amour - Marguerite Duras - Christine Letailleur - théâtre de la Ville


 

la première partie du spectacle
commence dans la pénombre quasi totale
un liserai de lumière dessine les corps nus des comédiens
elle dans un phrasé reconnaissable
la tradition des acteurs des années 1960 70 qui ont joué Duras
lui dans un phrasé plus naturel
le charme de l'accent étranger
en l'occurrence japonais

il ne parlait pas japonais
rires
euh non
il ne parlait pas français
ambigüité du personnage
différentes belles idées de mise en scène font évoluer le jeu
à la fin du spectacle
un constat partagé par certains spectateurs
bon sang que ça devient pénible de rentrer dans une salle de spectacle
et d'avoir trop vite la sensation d'être à la messe
lors de la rencontre avec le public
le comédien japonais s'excuse de n'avoir pas tout compris du film sous titré japonais

qu'il se rassure
le film a été projeté il y a quelques années dans un cinéma d'Art et essai des Abbesses justement
le directeur de salle avait fait la promotion de la venue d'Alain Resnais
le vieux truc des ciné clubs
et du coup la salle était quasi remplie
pendant cette fête du cinéma
bien que le directeur n'appliquait pas les tarifs "fête du cinéma"
Avant que la projection ne commence
le directeur vient excuser Alain Resnais
il ne pourra pas venir finalement
légère grogne du public
le film commence
mais au bout d'un quart d'heure on voit les professionnels de la profession partir
à la fin du film
il ne reste plus grand monde

la langue de Duras
pourtant assez simple en apparence
mais vite décousue
comme une logorrhée mentale
reste la poésie
certes

les reflets de la Loire
si tu savais

un texte qui ne serait pas sur la tristesse
mais sur la joie
la joie et l'intensité

pas dans la douceur
mais très affirmée
très politique
on n'a pas vu
c'est au delà de voir

chaque mot
chaque silence est important

il fallait un comédien japonais
sinon je ne l'aurais pas monté

二十四時間の情事, 24 jikan no jôji,
soit : une liaison de 24 heures
titre japonais

Hiroshima mon amour
titre trop fort pour les japonais

en 2012
aurait-on pu titrer Fukushima mon amour

s'interroger sur ce Japon
pays qui a été stoppé par deux bombes atomiques
et où s'est développée l'énergie nucléaire
malgré les failles sismiques  les raz de marées
malgré l'énergie géothermique

cela n'intéresse pas les paroissiens de l'église durassienne

un hasard :  le lendemain je rencontre une japonaise
au fil de l'échange
elle me dit être née à Hiroshima
sa grand-mère était à l'extérieur de la ville
lorsque la bombe a éclaté
elle a vécu à plus de 80 ans
elle-même est née et a grandi à Hiroshima
avec le poids de cet héritage    forcément

- au nord du Japon il y a des failles volcaniques
   l'hiver la lave en fusion vient en contraste avec la neige
   et produit naturellement de la vapeur
- et toutes ces centrales nucléaires partout
   alors que la vapeur est déjà naturelle
   vous pourriez faire comme les Philippines
   qui produisent une bonne partie de leur électricité par géothermie
   ce sont les Américains qui vous ont poussé à construire ces centrales nucléaires ?
- ...
- question candide : il y a encore des bases américaines au Japon ?
- oui ils sont encore là
elle plus bas
- on voudrait qu'ils partent mais on n'ose pas leur dire
discussion un autre jour avec un journaliste

- les grandes familles japonaises ont gardé leur richesse
   malgré la seconde guerre mondiale
   les Japonais ont poussé eux-même à la construction des centrales
   l'écart qui se creuse entre les très riches et les très pauvres
   le nettoyage de New York dans les années 90
   accompagnée de la flambée de l'immobilier
   qui s'est produite à Paris dans les années 2000
   ça avait commencé dans les années 1980 à Tokyo

cela n'intéresse pas les paroissiens de l'église duracienne

une langue que l'on ne pourrait jouer que d'une façon pénétrée
de dogmatisme clérgiduracien

Valérie Lang confirme malgré elle

que la liberté n'est pas dans les églises
pas dans les prisons mentales

que vivent maintenant les cross'over